Maladies chroniques: prendre le dessus
Le succès par un traitement structuré
Les DMP mettent à la disposition du patient un interlocuteur aisément joignable, qui connaît ses antécédents médicaux et coordonne son parcours de soins. Chaque année, le patient et son accompagnateur élaborent un plan thérapeutique adapté aux exigences personnelles (et englobant, par exemple, conseil diététique, physiothérapie, contrôles réguliers, adaptations de la médication, etc.). A la fin de chaque période, le plan fait l'objet d'une évaluation, toujours avec le patient, et le cas échéant d'une adaptation. Des assistants médicaux spécialement formés jouent un rôle central d'interlocuteurs.
Une efficacité confirmée
Aujourd'hui, seuls quelques rares cabinets médicaux proposent de tels programmes structurés. SWICA collabore avec plusieurs centres de santé et réseaux de médecins nationaux, comme Medbase, Sanacare ou MediX, afin de garantir aux assurés souffrant de diabète, d'hypertension artérielle, de BPCO ou de maladie coronarienne un accès à ces programmes. L'Institut d'économie de la santé (WIG) de la ZHAW, à Winterthour, a démontré le bien-fondé de ce type de soins intégrés. En collaboration avec SWICA et Medbase, il a réalisé une étude sur le programme de Medbase dédié au diabète. Les résultats mettent en avant une meilleure qualité des traitements et un coût inférieur.
2,2 millions de personnes touchées
Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), 2,2 millions de personnes souffrent de maladie chronique en Suisse. En d’autres termes, un quart de la population vit avec un handicap au moins léger, voire important. Ce dernier a une influence sur la qualité de vie des personnes touchées, mais aussi des conséquences économiques: près de 80 % du coût de la santé sont engendrés par des maladies non contagieuses comme les troubles cardiovasculaires, le diabète, le cancer ou encore les affections respiratoires (BPCO). Pour en savoir plus sur les DMP soutenus par SWICA: swica.ch/disease-managementUne étude le confirme: un traitement structuré aide les personnes touchées et diminue les coûts
Dans une interview, Christian Frei, responsable Soins intégrés chez SWICA, évoque les difficultés du traitement des maladies chroniques et les éléments de solution apportés par une approche structurée.
Monsieur Frei, pourquoi est-il difficile de traiter une maladie chronique dans le système de santé actuel?
Plusieurs facteurs peuvent mener à une prise en charge lacunaire. La pression constante des délais peut avoir des répercussions sur la durée des consultations médicales ou sur le suivi. Il serait important de faire appel à d'autres spécialistes, ce qui est encore loin de correspondre à la réalité. Or, le manque de coordination et les doublons peuvent engendrer une prise en charge excessive ou inadaptée. Autre point important: il est essentiel que les patients agissent eux-mêmes pour leur santé. En effet, le traitement d'une maladie chronique ne s'arrête pas à la disparition des symptômes aigus ni à l'issue de la consultation chez le médecin. Pourtant, beaucoup ne disposent pas des connaissances requises pour se prendre en main de façon autonome ni du soutien nécessaire au quotidien.
Comment les programmes de Disease Management évitent-ils ces problèmes?
Les DMP offrent une structure: le plan de traitement personnalisé se fonde sur des directives médicales reconnues, basées sur des preuves. Les objectifs thérapeutiques sont convenus, évalués et adaptés chaque année entre le personnel soignant et le patient. Les intervenants sont ainsi directement intégrés dans le traitement. En outre, le suivi est assuré par une équipe interprofessionnelle. Le patient reçoit ainsi un conseil plus étendu et un suivi plus étroit qu'avec de simples consultations médicales.
Et il en résulte un meilleur traitement?
Oui. L'Institut d'économie de la santé (WIG) de la ZHAW, à Winterthour, a évalué le suivi de Medbase destiné aux diabétiques sur une période de trois ans, entre 2017 et 2019. L'étude a révélé une meilleure qualité de traitement et des coûts inférieurs. La qualité des traitements a été améliorée, et les participants ont reçu, plus souvent que le groupe témoin, les soins d'un traitement optimal du diabète tels qu'indiqués dans les lignes directrices. Par ailleurs, le coût par personne et par année était inférieur de 10 % (900 francs) grâce à un nombre réduit de soins ambulatoires et stationnaires. En outre, le taux d'hospitalisation des participants était plus faible que dans le groupe témoin. Cependant, tous les résultats ne s'avèrent pas statistiquement significatifs. Certains chiffres ne seront disponibles qu'à terme. Jusque-là, les résultats sont donc à prendre avec précaution.
Quelle importance l'évaluation et ses résultats revêtent-ils pour l'avenir des programmes de Disease Management?
L'évaluation représente une opportunité unique en Suisse de mesurer l'impact, sur des malades chroniques, d'un suivi structuré et basé sur des lignes directrices. Les résultats mettent clairement en évidence les répercussions d'un suivi coordonné sur la qualité du traitement et sur les coûts. Tout comme les résultats, il convient de saluer la coopération interdisciplinaire entre des centres de santé, la science et une assurance-maladie. Une étroite collaboration représente un facteur essentiel pour l'intégration durable des programmes de Disease Management dans les soins de base. Notre approche aura bien plus de chance de se diffuser si les fournisseurs de prestations se font les vecteurs des résultats scientifiques que si une assurance-maladie tente de convaincre les médecins du bien-fondé de tels concepts.